Condamné à mort! - Condenado a muerte |
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Le prêtre est revenu. Il a des cheveux blancs, l'air très doux, une bonne et respectable figure; c'est en effet un homme excellent et charitable. Ce matin, je l'ai vu vider sa bourse dans les mains des prisonniers. |
D'où vient que sa voix n'a rien qui émeuve et qui soit ému ? D'où vient qu'il ne m'a rien dit encore qui m'ait pris par l'intelligence ou par le coeur ? |
Ce matin, j'étais égaré. J'ai à peine entendu ce qu'il m'a dit. Cependant ses paroles m'ont semblé inutiles, et je suis resté indifférent ; elles ont glissé comme cette pluie froide sur cette vitre glacée. Cependant, quand il est rentré tout à l'heure près de moi, sa vue m'a fait du bien. C'est parmi tous ces hommes le seul qui soit encore homme pour moi, me suis-je dit. Et il m'a pris une ardente soif de bonnes et consolantes paroles. |
Nous nous sommes assis, lui sur la chaise, moi sur le lit. Il m'a dit : -Mon fils... Ce mot m'a ouvert le coeur. Il a continué : -Mon fils, croyez-vous en Dieu ? -Oui, mon père, lui ai-je répondu. -Croyez-vous en la sainte église catholique, apostolique et romaine ? -Volontiers, lui ai-je dit. -Mon fils, a-t-il repris, vous avez l'air de douter. |
Alors il s'est mis à parler. Il a parlé longtemps
; il a dit beaucoup de paroles ; puis, quand il a cru avoir fini, il s'est levé et m'a regardé pour la première fois depuis le commencement de son discours, en m'interrogeant : -Eh bien ? Je proteste que je l'avais écouté avec avidité d'abord, puis avec attention, puis avec dévouement. Je me suis levé aussi. -Monsieur, lui ai-je répondu, laissez-moi seul, je vous prie. Il m'a demandé : -Quand reviendrai-je ? -Je vous le ferai savoir. Alors il est sorti sans colère, mais en hochant la tête, comme se disant à lui-même : Un impie ! |
Non, si bas que je sois tombé, je ne suis pas un impie, et Dieu m'est témoin que je crois en lui. Mais que m'a-t-il dit, ce vieillard ? Rien de senti, rien d'attendri, rien de pleuré, rien d'arraché de l'âme, rien qui vînt de son coeur pour aller au mien, rien qui fût de lui à moi. |
Au contraire, je ne sais quoi de vague, d'inaccentué, d'applicable à tout et à tous ; emphatique où il eût été besoin de profondeur, plat où il eût fallu être simple ; une espèce de sermon sentimental et d'élégie théologique. Çà et là, une citation latine en latin. Saint Augustin, saint Grégoire, que sais-je ? |
Et puis il avait l'air de réciter une leçon déjà vingt fois récitée, de repasser un thème, oblitéré dans sa mémoire à force d'être su. Pas un regard dans l'oeil, pas un accent dans la voix, pas un geste dans les mains. |
Et comment en serait-il autrement ? Ce prêtre est l'aumônier en titre de la prison. Son état est de consoler et d'exhorter, et il vit de cela. Les forçats, les patients sont du ressort de son éloquence. |
Il les confesse et les assiste, parce qu'il a sa place à faire. Il a vieilli à mener des hommes mourir. Depuis longtemps il est habitué à ce qui fait frissonner les autres ; ses cheveux, bien poudrés à blanc, ne se dressent plus ; le bagne et l'échafaud sont de tous les jours pour lui. Il est blasé. |
Probablement il a son cahier ; telle page les galériens, telle page les condamnés à mort. On l'avertit la veille qu'il y aura quelqu'un à consoler le lendemain à telle heure ; il demande ce que c'est, galérien ou supplicié, et relit la page ; et puis il vient. De cette façon, il advient que ceux qui vont à Toulon et ceux qui vont à la Grève sont un lieu commun pour lui, et qu'il est un lieu commun pour eux. |
Oh ! qu'on m'aille donc, au lieu de cela, chercher quelque jeune vicaire, quelque vieux curé, au hasard, dans la première paroisse venue ; qu'on le prenne au coin de son feu, lisant son livre et ne s'attendant à rien, et qu'on lui dise : |
-Il y a un homme qui va mourir, et il faut que ce soit vous qui le consoliez. Il faut que vous soyez là quand on lui liera les mains, là quand on lui coupera les cheveux ; que vous montiez dans sa charrette avec votre crucifix pour lui cacher le bourreau ; que vous soyez cahoté avec lui par le pavé jusqu'à la Grève ; que vous traversiez avec lui l'horrible foule buveuse de sang ; que vous l'embrassiez au pied de l'échafaud, et que vous restiez jusqu'à ce que la tête soit ici et le corps là. |
Alors, qu'on me l'amène, tout palpitant, tout frissonnant
de la tête aux pieds ; qu'on me jette entre ses bras, à ses
genoux ; et il pleurera, et nous pleurerons, et il sera éloquent, et je serai consolé, et mon coeur se dégonflera dans le sien, et il prendra mon âme, et je prendrai son Dieu. |
Mais ce bon vieillard, qu'est-il pour moi ? que suis-je pour lui ? Un individu de l'espèce malheureuse, une ombre comme il en a déjà tant vu, une unité à ajouter au chiffre des exécutions. |
J'ai peut-être tort de le repousser ainsi ; c'est lui qui est bon et moi qui suis mauvais. Hélas ! ce n'est pas ma faute. C'est mon souffle de condamné qui gâte et flétrit tout. |
On vient de m'apporter de la nourriture ; ils ont cru que je devais avoir besoin. Une table délicate et recherchée, un poulet, il me semble, et autre chose encore. Eh bien ! j'ai essayé de manger ; mais, à la première bouchée, tout est tombé de ma bouche, tant cela m'a paru amer et fétide ! |
Acaba de volver el sacerdote. Tiene toda la cabeza blanca, espresión muy benigna y bella y respetable presencia. No hay duda de que es un hombre excelente y caritativo. Esta mañana me acuerod de haberlo visto vaciar su bolsa en las manos de los pobres encarecelados. |
Por qué, pues, no tendrá su voz nada que llegue al alma? Por qué, pues, no me habrá dicho nada todavía que me penetre o la razón o el pecho? |
Esta mañana estaba yo distraído y apenas oí lo que decía. Pero e parecieron inútiles sus palabras y resbalaron en mi indiferencia, como esas goas de lluvía fría resbalan por los helados vídrios. Cuando ha vuelto, empero, cerca de mí ahora, me ha hecho mucho bien sus vista. Entre todos estos hombres pensé yo, he aquí él solo que es todvía hombre para mí. Y me ví poseído de una sed ardiente de amonestaciones buenas y consoladoras. |
Los dos nos sentamos, él en una silla, yo sobre la cama. -Hijo mio, me dijo, y esta palabra le abrió mi corazón. Luego continuó asi. -Hijo mio, crees en Dios? -Si, padre, le respondí. - Y crees en la Santa Iglesia católica, apostólica romana? - Por qué no, padre? -Parece, hijo mio, como qu dudas. |
Entonces se puso a hablarme. Me hizo un largo discurso. Dijo muchas palabras y cuando creyó haber acabado, se levantó mirándome, entonces por la vez primera desde el principio de su oración y preguntándome: Vaya, qué dices, hijo mio? Proteso que le había escuchado con ansia al principio, luego co atención y últimamente por deber. También me levanté yo. -Padre mio, le respondí, déjemoe usted solo por un poco de tiempo. -Y cuando he de volver?, me preguntó. -Yo se lo avisaré a usted. Salió sin hablar palabra, pero meneando la cabeza, como quien dice entre sí: -Este es un impío. |
Eso no! - Por profundo que sea el precipicio en que he caído, no soy un impío y Dios sabe de que creo en él con la sinceridad de mi alma. pero qué me ha dicho este anciano? Nada verdaderamente sentido, nada tierno, nada bañado en lágrimas, nada arrancado del alma, ni que viniese de su corazón al mio, nada en fin dél a mí. |
Al contrario, palabras vagas, sin acento, aplicables a todo y a todos. Enfático cuando hubiera debido ser profundo. Difusión en vez de sencillez. Una especie de sermón sintinental, en vez de consuelo evangélico. De cuando en cuando citas de San Augustín o San Gregorio y frases enteras e latín. |
Además parecía que estaba recitando una lección y veinte veces pronunciada o repasando un tema borrado de la memoria a fuerza de saberlo bien. Pero nin una mirada en los ojos, ni en la voz un acento, ni una espresión en el semblante |
Y podría ser acaso de otro modo? Este sacerdotees el capellan titular de la cárcel.Su obligación es la de consolar y exhortar y de eso vive. Los presidarios y los reos de muerte forman la jurisdicción de su elocuencia. |
Él los confiesa y asiste en cumplimiento de su deber. Y así ha envejecido acompañando hombres a la muerte. Ya hace mucho tiempo que le son a él familiares las escenas que hacen temblar a otros. Sus cabellos empolvados no se erizan ya por ningún motivo y las galeras y el patíbulo son para él infortunios cotidianos. Su sensibilidad ha desaparecido a fuerza de uso. |
Quizó tiene su cuaderno. Tal página para los galeotes, tal otra para los reos de muerte. Le avisan por la víspera, que al día siguiente tendrá que consolar a un hombre a tal hora. Pregunta él entonces si es de galeras o de patíbulo, lee la página correspondiente y viene luego. Así sucede que los que van a Tolon o a la plaza de Grève, son para él un tópico común, así como es él tópico común para ellos. |
Ah! Que vayan a buscarme en vez del capellan de la cárcel, algun vicario jóven, algun cura anciano, a la casualidad, en la primer parroquía que se encuentre. Que le saque de junto al fuego, a donde leía su libro sin esperar cosa alguna y que le digan: |
- Ahí hay un hombre que va a morir y es necesario que sea usted quien lo consuele. Es preciso que esté usted allí cuando le aten las manos. Allí cuando le corten los cabellos. Qué suba usted con él en la carreta con su crucifio en la mano para ocultarle el verdugo. Qué con él sufra el traqueteo del carruaje hasta la plaza de Grève. Qué atraviese usted con él la aborrecible plebe, sedienta de sangre. Qué le abrace usted al pie del cadalso y que se quede con él hasta que le hayan separado la cabeza del cuerpo. |
Entonces, entonces que me le traigan, palpitando y trémulo todavía de los pies a la cabeza! Yo me arrojaré a sus brazos, abrazaré sus rodillas, sus lágrimas bañarán mi frente. Lloraremos juntos entonces y él será elocuente y me dará consuelo. Sel aligerará mi corazón en el suyo y él recibirá mi alma y o recibiré su Dios. |
Pero este buen anciano, qué ha hecho por mí? Quién soy yo para él? Un hombre infeliz, una sombra como ya los ha visto muchos, un número más que hay que añadir a las execuciones. |
Problemente soy en injusto al rechazarle de esta maner. Él es bueno y soy malo. Qué más da. Es mi aliento, el aliento de un condenado, que deprava todo y lo hace deflorecer. |
Vino alguién para darme algo de comer, creyeron, que me hacía falta. Un manjar bien preparado y refinado, un pollo y, así me parece, otra cosa. Traté de comer algo, pero ya desde el primer bocado se me cayó de la boca, tan amargo y maloliente me parecía. |
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