À peine arrivé, des mains de fer s'emparèrent
de moi. On multiplia les précautions ; point de couteau,
point de fourchette pour mes repas, la camisole de force, une espèce
de sac de toile à voilure, emprisonna mes bras ; on répondait
de ma vie. Je m'étais pourvu en cassation. On pouvait avoir
pour six ou sept semaines cette affaire onéreuse, et il
importait de me conserver sain et sauf à la place de Grève.
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Les premiers jours on me traita avec une douceur qui m'était
horrible. Les égards d'un guichetier sentent l'échafaud.
Par bonheur, au bout de peu de jours, l'habitude reprit le dessus
; ils me confondirent avec les autres prisonniers dans une commune
brutalité, et n'eurent plus de ces distinctions inaccoutumées
de politesse qui me remettaient sans cesse le bourreau sous les
yeux. Ce ne fut pas la seule amélioration.
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Ma jeunesse,
ma docilité, les soins de l'aumônier de la prison,
et surtout quelques mots en latin que j'adressai au concierge,
qui ne les comprit pas, m'ouvrirent la promenade une fois par semaine
avec les autres détenus, et firent disparaître la
camisole où j'étais paralysé. Après
bien des hésitations, on m'a aussi donné de l'encre,
du papier, des plumes, et une lampe de nuit.
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Tous les dimanches, après la messe, on me lâche dans
le préau, à l'heure de la récréation.
Là, je cause avec les détenus : il le faut bien.
Ils sont bonnes gens, les misérables. Ils me content leurs
tours, ce serait à faire horreur, mais je sais qu'ils se
vantent. Ils m'apprennent à parler argot, à rouscailler
bigorne, comme ils disent. C'est toute une langue entée
sur la langue générale comme une espèce d'excroissance
hideuse, comme une verrue.
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Quelquefois une énergie singulière,
un pittoresque effrayant : il y a du raisiné sur le trimar
(du sang sur le chemin), épouser la veuve (être pendu),
comme si la corde du gibet était veuve de tous les pendus.
La tête d'un voleur a deux noms : la sorbonne, quand elle
médite, raisonne et conseille le crime ; la tronche, quand
le bourreau la coupe.
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Quelquefois de l'esprit de vaudeville : un
cachemire d'osier (une hotte de chiffonnier), la menteuse (la langue)
; et puis partout, à chaque instant, des mots bizarres,
mystérieux, laids et sordides, venus on ne sait d'où :
le taule (le bourreau), la cône (la mort), la placarde (la
place des exécutions). On dirait des crapauds et des araignées.
Quand on entend parler cette langue, cela fait l'effet de quelque
chose de sale et de poudreux, d'une liasse de haillons que l'on
secouerait devant vous.
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Du moins ces hommes-là me plaignent, ils sont les seuls.
Les geôliers, les guichetiers, les porte-clefs -je ne leur
en veux pas -causent et rient, et parlent de moi, devant moi, comme
d'une chose. |
Apenas hube llegado se apoderaron de mí las férreas manos de los Haveros y no me dejaron ni cuchillo, in aún tenedor para comer. También me pusieron la camisola de fuerza, especie de saco de fortísima lona, que sujeta los brazos y el movimiento de los otros miembros. Multiplicaron así las precauciones como responsables que eran de mi vida. Yo había apelado. La decisión del tribunal de apelaciones podía tardar seis o siete semanas. Era pues menester en este intervalo conservarme sano y salvo para la guillotina. |
Los primeros días me trataban con dulzura horrorosa, que siempre huelen a cadalso las consideraciones del carcelero. Afortunadamente al cabo de poco tiempo recobró su imperio la costumbre y me confundieron en su brutalidad comun con los otros preso, sin acosare mas con aquella urbanidad insólita que me estaba continuamente poniendo el verdugo delante de los ojos. Ni fue esta la sola mejor que experimenté en mi suerte. |
Mi juventud, mi docilidad, las atenciones del capellan de la casa y sobre todo algunas palabras latinas que dirigí al alcaide que no las entendía, me abrieron el passeios una vez a la semana como a los otros infelices y hicieron desaparecer la camisola que me tenía paralizado. También men han concedido, aunque no de muy buena gana, tinta, papel, plumas y una lamparilla por las noches. |
Todos los domingo después de misa me sueltan en el prado a la hora de la recreación. Alli hablo con los presos. Con alguién había de hablar! Y no son malas gentes los miserables. Ellos me cuentan sus hazañas, que horrorizarían a cualquiera, pero de que ellos se vanaglorían. También me enseñan su dialecto hablar caló, como ellos dicen. Es esta una lengua injerta en la común, una excrecencia repugnante, una especi de verruga. |
Manchmal entspringt ihr eine einzigartige Energie, eine pittoresker
Schrecken: Es gibt Traufen auf dem Weg (Blut auf der Straße),
die Witwe heiraten (gehängt werden), ganz so, als ob der Strick
des Galgens die Witwe aller Gehängten wäre. Der Kopf
eines gehängten hat zwei Namen: La sorbonne,
wenn er nachdenkt, grübelt und ein Verbrechen plant und der
Klotz, wenn der Henker, ihn abschlägt.
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Tiene a veces singular energía y horroroso coloridos, derramar moscatel por el caminos quiere decir teñirlo de sangre, casarse con la viudita, morir ahorcado, como si fuese la cuerda esposa de cuanto finan en ella. La cabeza de un ladrón tiene dos nombres: universidad, cuando medita, prepara y aconseja el crímen, zoquete, cuando la corta el verdugo. |
-Pero a lo menos los hombres que lo usan me compadecen y son los solos de quien puedo decir otro tanto. Los carceleros, los llaveros y criados (no porque les guarde rencor) hablan y se rien de mí, delante de mi mismo, como si no fuese yo más que una cosa.
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