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La
vision de la France à l’étranger à travers
la baguette de pain
Par Magali Marguin*, le 23 novembre
1999
« C’est un sujet très...
insolite ! » me répond-on,
un sourire en coin, à l’énoncé du
sujet de mon mémoire de maîtrise.
Le sérieux revient rapidement
lorsque j’explicite le titre
: « Il s’agit de rechercher
les origines du cliché du Français,
béret sur la tête, baguette
sous le bras ».
Cette image simple prête à rire:
de la sorte, on maintient une certaine
distance avec elle. Pourtant, le rictus
est contrarié car l’image
de la baguette est prégnante,
elle existe bel et bien à l’étranger,
mais aussi en France, « pour
les touristes » souligne-t-on.
Tout comme la baguette à une
histoire, l’image associée à ce
produit atypique en a également
une. Sujet certes atypique, la reconstitution
de ce cliché n’en fait
pas moins appel à l’histoire économique, à la
psychologie collective, à l’histoire
des relations internationales, bref à un
champ d’investigation extrêmement
large. Les sources peuvent se trouver
partout, quelle que soit la nature
du document : ouvrages de boulangerie,
reportages télévisuels
ou radiophoniques, cartes postales,
manuels scolaires, articles de presse,
souvenirs individuels... Les media,
les supports de la communication sont,
de manière générale,
les véhicules privilégiés
des clichés. Ce travail historique
s’apparente à celui d’une
fourmi: rechercher les moindres indices
de l’existence de l’image
du Français type, en sachant
que l’exhaustivité est
impossible, que la reconstitution est
marquée de périodes sans
information. J’avais en mémoire,
pendant ce travail, la démarche
d’Alain Corbin qui, dans Le monde
retrouvé de Louis-François
Pinagot 1798-1876 (Paris, 1998), essaye
de reconstituer la vie d’un paysan
français à partir des
traces écrites laissées
par les faits et gestes de cet inconnu
(registres paroissiaux, actes notariaux,
etc).
L’origine de la baguette de pain
remonte aux années 1830 lorsque
le pain viennois est introduit en France.
Ce pain long, à base de levure
de bière et non de levain, est
cuit dans un four à vapeur ce
qui permet l’apparition d’une
croûte : c’est un pain
aristocratique, ancêtre de la
baguette. Parce que ces pains blancs
dits de fantaisie sont détaxés
et parce que les habitudes alimentaires
des citadins changent, le pain long
se répand en ville. Sa composition
change : le lait est supprimé ce
qui abaisse les coûts de production
et par conséquent, le prix de
vente. Le pain viennois ainsi transformé devient
un pain de travailleur, acheté quotidiennement
du fait de son faible poids et de sa
mauvaise conservation.
De plus en plus long, ce pain non moulé doit être
mis à reposer dans des pannetons,
paniers en osiers oblongs destinés à conserver
sa forme au pain façonné ;
d’où le nom métaphorique
de « baguette ». Seul pain
au monde ayant cette forme, il attire
l’attention des voyageurs en
France et celle des locaux entourant
les Français expatriés.
Après un retour au pain noir
lors de la Première Guerre mondiale,
la baguette des années trente
atteint l’apogée de sa
qualité et de sa consommation.
C’est à partir de cette
période que naît véritablement
une image autour de la baguette. Les
caractéristiques de ce pain
rappellent celles des Français
: simplicité et originalité du
genre de vie. La baguette fait alors
penser au Français se rendant à la
boulangerie, lieu de sociabilité du
village, pour acheter son pain quotidien,
aliment basique mais goûteux.
Ce que les Français ne remarquent
plus, les étrangers le constatent
et le recherchent quand ils viennent
dans l’Hexagone: tout le monde
va, chaque jour, dans une des multiples
boulangeries du quartier pour acheter
sa baguette qu’il ramène
sous le bras, éventuellement
en grignotant le bout.
Cette image est véhiculée
aux Etats-Unis, en Europe et dans les
colonies par les écrivains,
les cinéastes, les soldats,
les touristes, les administrateurs
et autres voyageurs.
Après la Seconde Guerre, la
boulangerie française se modernise.
La baguette étant un pain facilement
mécanisable, les pétrins
et les fours se perfectionnent: l’industrialisation
de la baguette, la massification de
la production corrélative entraînent
la création d’un nouveau
modèle de panification à la
française, à côté du
modèle anglo-saxon (pain de
mie).
Contrairement aux petits artisans,
les industriels de la boulangerie ont
les moyens de s’attaquer aux
marchés étrangers. Ils
utilisent l’image de la baguette
comme produit typé à l’origine
d’une vie saine et sans complication,
pour exporter du pain puis lancer une
production hors des frontières
hexagonales. Le pays d’accueil
doit être intéressé par
le produit et doit avoir les moyens
de financer les machines, les importations
de farine et de levure, l’acquisition
du savoir-faire. Toute la filière
farine française est impliquée
dans l’exportation. Une méthode
de conquête des pays se met en
place: du Japon dans les années
cinquante aux pays européens
dans leur ensemble, une nouvelle géographie
de la baguette voit le jour durant
les années 1960. Les courbes
d’exportation de pain et de machines
de boulangerie attestent de cette augmentation
rapide de la demande mondiale en baguette,
toute proportion gardée.
La conséquence de cette politique
industrielle est l’utilisation
de l’image de la baguette comme
argument de marketing: sa véracité n’est
pas un souci, tant qu’elle fait
vendre. Toutefois, la France a continué à changer:
les Français consomment de
moins en moins de pain, ils sont en
grande majorité des citadins
qui ont abandonné la vie traditionnelle
du village depuis des décennies.
L’image, ainsi coupée
de sa base réelle, se mue en
stéréotype, ou cliché.
Dans les années quatre-vingt,
une petite révolution affecte
le monde de la boulangerie françaiseavec
la surgélation des pâtes
crues et la maîtrise de la fermentation
en différé. Ces nouvelles
techniques permettent d’exporter à moindre
coût et en plus grande quantité des
pâtons surgelés dans les
pays n’ayant pas les moyens de
former des boulangers. Les pâtons
sont fabriqués en France, avec
le savoir-faire et les ingrédients
locaux; ils sont cuits dans des fours
spécialement conçus pour
une main d’œuvre peu qualifiée.
Tel est le cas en Chine.
Les répercussions de cette technologie
sont importantes sur la restauration
hors foyer (RHF). La restauration rapide à la
française, à base de
sandwichs-baguettes, y gagne un second
souffle en pouvant s’adapter à la
demande, sans avoir un surcoût
dû à la gestion de stocks
périssables. Ainsi, quelle que
soit l’heure de la journée,
le pain est toujours chaud et quelle
que soit la demande, il y a toujours
choix et quantité.
De grandes sociétés de
RHF comme le groupe Le Duff (La Brioche
Dorée, Le Fournil de Pierre,
etc) s’implantent massivement à l’étranger
: Royaume-Uni, Allemagne, Etats-Unis,
Canada, Japon, Singapour et bien d’autres
pays encore sont les lieux d’une
concurrence acharnée entre les
marques françaises et étrangères,
et même entre Français.
Aussi y a-t-il peu d’endroits
dans le monde où on ne peut
trouver de pain français. Tout
comme la baguette s’est adaptée
au mode de vie français à la
fin du XIXe siècle, elle se
transforme également au contact
des autres cultures: elle raccourcit
et épaissit en Extrême-Orient,
elle est fourrée en Allemagne
et en Angleterre, elle est faite avec
de la farine complète aux Etats-Unis.
Son nom évolue également:
pariguette, miniguette, bioguette...
A défaut d’une législation
stricte sur la définition et
le contenu du produit, la baguette à l’étranger
et même en France est mal protégée.
En conséquence, tout le monde
n’associe pas le même pain
au mot « baguette », ni
la même image. Pour une minorité d’Américains,
la baguette ne représente plus
la France. Pour certains, le stéréotype
du Français baguette sous le
bras est rétrograde et passéiste.
Pour d’autres, c’est le
folklore français ; son charme
désuet n’a rien de dégradant.
Cette scission de la perception de
la baguette au sein du groupe social
engendre une dislocation de la base
conative de l’image, déjà dépourvue
de son caractère cognitif. Il
ne reste donc au stéréotype
que l’affectif: parallèlement à la
mutation de la baguette sous l’influence
industrielle, il y a une mythification
de l’image associée.
Or n’est-ce pas de l’affection
que les Français ressentent pour
leur image devenue mythe? N’entretiennent-ils
pas eux-mêmes, depuis la France,
l’image née autrefois à l’étranger?
La réponse affirmative à ces
questions serait vraisemblablement
différente pour d’autres
produits symboles de la France tels
le cognac ou le camembert. Il serait
intéressant d’étudier
ceux-ci afin de dresser une synthèse
plus représentative du rôle
des stéréotypes français à l’étranger.
Un nouveau champ de recherche pour
les relations internationales semble
donc s’entrouvrir et je remercie
M.Robert FRANK de m’avoir laisser
la liberté de m’y frayer
un chemin.
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La imágen de la Francía a través la baguette de pan
por Magali Marguin', el 23 de noviembre de 1999
"Es un tema muy...curioso!", la gente me dice, con una sonrisa en la comisura de la boca cuando hablo de mi tesina de licenciatura. Pero cuando explico el título la gente se pone seria: "Se trata de encontrar los origines del estereotipo del francés con la gorra puesta, baguette bajo el brazo."
Esta imágen simple hace reír la gente, de esta manera se mantiene una cierta distancia a ella. Sin embargo es una riza forzada, porque la imágen de la baguette es pegadiza, es muy común en el extranjero, pero también en Francia, "para los turistas", como se destaca.
Algo como la baguette tiene una historia y la imágen asociado a este producto atípico también tiene una. Es cierto, que es producto atípico, pero la reconstrucctión de este cliché nos envía a la historía de la economía, a la pscicología colectiva, a la historia de las relaciones internacionales, en resumidas cuentas, a un campo de investigación bastante amplio. Las fuentes se las puede encontrar por todas partes, no importa lo que sea el carácter del documento. Obras sobre la panadería, reportajes en la télé o la radio, cartas postales, manuales escolares, artículos de prensa, recuerdos individuales...Los medios de comunicación son, en general, los vehículos privilegiados de los clichés. Este trabajo de historia se asemeja a aquel de una hormiga: Encontrar indicios, cuán insignificantes que sean, de la existencia del francés típico sabiendo que este trabajo no será nunca terminado. Durante este trabajo siempre pensé en la manera de proceder d' Alain Corbin, que trató en el libro "El mundo reencontrado de Louis-François Pinagot 1798-1876 (Paris, 1998), trató de reconstruir la vida de un campesino francés por las huellas escritas que ha dejado este desconocido (registros de la parroquía, documentos notariales, etc.). El orígen de la baguete data de los años 1830 cuando el pan de Viena se introdujo en Francia. Este pan largo, hecho con levadura de cerveza y no de levadura, se hace en un horno de vapor, lo que permite la aparición de una costra. Es un pan aristocrático, el antepasado de la baguette. Por el hecho de que estos panes blancos, llamados de fantasía, son exemptos de impuestos y por el hecho de que las costumbres alimentarias de los ciudadanos cambián, el pan largo se difunde. Su composición cambia. Se omite la leche, lo que baja el precio de la produciton y por lo tanto el precio de venta. El pan de Viena, transformado de esta manera, se convierte en el pan del obrero, comprado diariamente porque pesa poco y porque estropea fácilmente. Cada vez más largo este pan hecho sin molde de horno tiene que dejarse en pannetons, una cesta de miembre largo destinado a conservar su forma al pan estampado. De ahí viene el nombre baguette (palito). Este pan único en el mundo con esta forma atrae la atención de los viajeros en Francia y de los vecinos de los franceses expatriados. Después del regreso del pan negro durante la primera guerra mundial, la baguette llega a su apogeo en calidad y consumo en los años treinta. Es en estos años que nace realmente una imágen alrededor de la baguette. Las características de este pan hacen pensar en las de los franceses: Simplicidad y orginalidad en la forma de vivir. La baguette evoca a partir de entonces la imágen de franceses llendose a la panadería, lugar de encuentros sociales de la ciudad, para comprar sus panes diarios, alimento simple pero rico. Algo de lo que los franceses mismos ya no se dan cuenta, los extranjeros que visitan el hexagono lo constatan y buscan: Todo el mundo va, cada día, a una de las muchas panaderías del barrio para comprar su baguette que lleva a casa bajo el brazo, roendo eventualmente las puntas.
Esta imágen es transportado a los Estados Unidos, a Europa y a las colonias por los escritores, los directores de cine, los soldados, los turistas, los administradores y otros viajeros. Después de la segunda guerra mundial. la panadería francesa se moderniza. Por el hecho de que la baguette es un pan que se puede producir fácilmente de manera industrial, las amasaderas y los hornos se perfeccionan: La industrialisación de la baguette, la producción en masa lleva a la creación de un nuevo modelo de la producción de pan a la francesa, al lado del modelo anglo-saxon (pan para tostar).
Todo al contrario de los pequeños artesanos, los industriales de la panadería tuvieron los medios de atarcar los mercados extranjeros. Utilizan la imágen de la baguette como producto típico de una vida sana y si complicaciones, para exportar pan y después para producirlo fuera de las fronteras hexagonales. El país recogedor tiene que estar interesado en el producto y tiene que tener los medios para financiar las máquinas, las importaciones de harina, la levadura y la aquisición del saber - hacer. Todo la cadena del valor añadido de harina francesa está implicado en la exportación. Un método por la conquista de países se impone: Desde el japón de los años cinquanta hasta los países europeos en su conjunto, una nueva geografía de la baguette aparece en los años 1960. El aumento en la exportación de pan y máquinas de panadería comprueban este rápido aumento de la demanda mundial de baguette manteniendo las proporciones.
La consequencia de esta política industrial es el uso de la imágen de la baguette como argumento de marketing: La veracidad de estos argumentos no tiene importancia, previsto que estimula la venta. Sin embargo Francia ha cambiado continuamente: Los franceses conumen cada vez menos pan, son en su mayoría ciudadanos que han abandonado la vida tradicional de la aldea desde hace décadas. La imágen, separada de su base real, se convierte en estereotipo, ou cliché.
En los años ochenta una pequeña revolución se produce en el mundo de la panadería francesa con la aparicion de la masa congelada cruda y la fermentación prolongada. Estas nuevas tecnologías permiten de exportar en grandes cantidades y a precios más bajos masas congeladas a países que no tienen los medios de formar panaderos. La masa es producida en Francia con el saber-hacer y los ingredientes locales. Son producidos después en hornos especialmente fabricados por una mano de obra poco calificada. Esto es el caso de China. La repercusiones de estas tecnologías es también importante para la gastronomía fuera de casa. La gastronomía rápida francesa, a base de bocadillos-baguettes vive de esta manera un segundo estímulo siendo ahora capaz de adaptarse a la demanda sin el coste extra debido a la producción de un stock perecedero. De esta manera no importa cual sea la hora del día, el pan siempre está caliente y no importa cuanta demanda haya siempre hay oferta y cantidad.
Las grandes empresas RHF como el grupo Le Duff (La Brioche Dorée, Le Fournil de Pierre etc.) expanden masívamente hace el extranjero: Gran Bretagne, Allemagne, Etats-Unis, Canada, Japon, Singapour y en muchos otros otros sitios las marcas francesas y extranjeras, pero también las marcas francesas entre sí, compiten.
De esta manera hay pocos sitios en el mundo donde no se encuentra el pan francés y al igual que la baguette se adaptó a la manera de vivir de los franceses al final del siglo XIX, ella se transforma al contacto con otras culturas. Se hace más corto y más denso en el Extremo-Oriente, es rellenado en Alemania y en Inglaterra y se la hace con harina completo en los Estados-Unidos. Su nombre también conoce cambios: pariguette, miniguette, bioguette...A falta de una legislación estricta en cuanto se refiere a la definicón de una baguette y el contendido del producto, la baguette está mal protegida en el extranjero y incluso en Francia. En consecuencia no todo el mundo asocia el mismo tipo de pan con la palabra baguette, ni la misma imágen. Para una minoría de americanos la baguette ya no respresenta la Francia. Para otros el estereotipo del frances teniendo la baguette bajo el brazo es reaccionario y anclado en el pasado. Para otros forma parte del folclor francés. Su encanto pasado de moda no tiene nada de humillante. Este desgarro en la percepción de la baguette dentro del grupo social engendra una dislocación de la base conotativa del imágen, ya desprovisto de su carácter cognitivo. No queda por lo tanto nada del estereotipo que l' afecto. En paralela a la mutación de la baguette bajo la influencia industrial, hay una mitificación de la imágen asociada. O no hay afecto lo que los franceses siente por su imágen convertido en mito? No conservan ellos, desde la Francia, la imágen creada antes en el extranjero? La respuesta a esta pregunta sería a lo mejor distinta por otros productos símbolos de la Francia como el coñac o el camembert. Sería interesante de estudiar estos para hacer una síntesis más representativa del papel que juegan los estereotipos franceses en el extranjero. Un nuevo campo para la investigación de las relaciones internacionales parece por lo tanto entreabrirse y yo agradezco a M.Rober Frank de haberme dejado la libertad de seguir en esta dirección.
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