Micromégas

Se trata de un texto un poco más complejo. Sin embargo es un ejercició muy, muy útil oír el texto un par de veces después de haberlo leído, entendido y aprendido a memoria el vocabulario que contiene. El texto supone obviamente que usted tenga ya un conocimiento pasivo (leyendo / escuchando) del sistema completo de la gramática francesa. ( Si no lo tiene todavía váyase a la parte gramática.) Una vez adquirido este conocimiento y siendo capaz de entender cualquier texto, por escrito o al oral, será rápidamente capaz de producir estas estructuras activamente, hablando y escribiendo.

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capítulo primero Viaje de un habitante de la estrella Sirio al planeta Saturno
Chapitre premier Voyage d'un habitant du monde de l'étoile Sirius dans la planète de Saturne
1.1 | 1.2 | 1.3 | 1.4 | 1.5
capítulo segundo Conversación del habitante de Sirio con el de Saturno
Chapitre second Conversation de l'habitant de Sirius avec celui de Saturne
2.1 | 2.2 | 2.3
capítulo tercero Viaje de los dos habitantes de Sirio y Saturno
Chapitre troisième Voyage des deux habitants de Sirius et de Saturne
3.1 | 3.2 | 3.3
capítulo cuarto Lo que les sucedió en el globo terráqueo
Chapitre quatrième Ce qui leur arrive sur le globe de la terre
4.1 | 4.2 | 4.3
capítulo quinto Experiencias y reflexiones
Chapitre cinquième Expériences et raisonnements des deux voyageurs
5.1 | 5.2 | 5.3
capítulo sexto De lo que les aconteció con unos hombres
Chapitre sixième Ce qui leur arriva avec les hommes
6.1 | 6.2 | 6.3 | 6.4 | 6.5 | 6.6
capítulo séptimo La conversación que tuviero
Chapitre septième Conversation avec les hommes
7.1 | 7.2 | 7.3 | 7.4 | 7.5 | 7.6 | 7.7 | 7.8 | 7.9

36,3 MB
36 MB
 

Voltaire, Micromégas
(texte conforme à l’édition de René Pomeau)

Chapitre premier

Voyage d'un habitant du monde de l'étoile Sirius dans la planète de Saturne

1.1
Dans une de ces planètes qui tournent autour de l'étoile nommée Sirius, il y avait un jeune homme de beaucoup d'esprit, que j'ai eu l'honneur de connaître dans le dernier voyage qu'il fit sur notre petite fourmilière; il s'appelait Micromégas, nom qui convient fort à tous les grands. Il avait huit lieues de haut: j'entends, par huit lieues, vingt-quatre mille pas géométriques de cinq pieds chacun.

 

Voltaire, Micromegas

Primer capítulo

Viaje de un habitante de la estrella Sirio al planeta Saturno

1.1
Había en uno de los planetas que giran en torno de la estrella llamada Sirio, un mozo de mucho talento, a quien tuve la honra de conocer en el postrer viaje que hizo a nuestro mezquino hormiguero. Era su nombre Micromegas. Tenía ocho leguas de alto, quiero decir, veinticuatro mil pasos geométricos de cinco pies cada uno.

1.2
Quelques algébristes, gens toujours utiles au public, prendront sur-le- champ la plume, et trouveront que, puisque monsieur Micromégas, habitant du pays de Sirius, a de la tête aux pieds vingt-quatre mille pas, qui font cent vingt mille pieds de roi, et que nous autres, citoyens de la terre, nous n'avons guère que cinq pieds, et que notre globe a neuf mille lieues de tour, ils trouveront, dis-je, qu'il faut absolument que le globe qui l'a produit ait au juste vingt-un millions six cent mille fois plus de circonférence que notre petite terre. Rien n'est plus simple et plus ordinaire dans la nature. Les Etats de quelques souverains d'Allemagne ou d'ltalie, dont on peut faire le tour en une demi heure, comparés à l'empire de Turquie, de Moscovie ou de la Chine, ne sont qu'une très faible image des prodigieuses différences que la nature a mises dans tous les êtres.
1.2
Algún matemático, casta de gente muy útil al público, tomará la pluma en este trance de mi historia y calculará que teniendo el señor Micromegas, morador del país de Sirio, veinticuatro mil pasos, desde la cabeza a los pies, que hacen ciento veinte mil pies, y nosotros, ciudadanos de la Tierra, no más por lo común de cinco pies, y midiendo la circunferencia de nuestro globo nueve mil leguas, es absolutamente preciso que el planeta donde nació nuestro héroe tenga cabalmente veintiún millones y seiscientas mil veces más de circunferencia que nuestra minúscula Tierra. Nada más natural. Los Estados de ciertos príncipes de Alemania o de Italia, que pueden andarse en media hora, comparados con Turquía, Rusia o China, son un ejemplo muy pálido de las diferencias que la naturaleza ha establecido en todas las cosas.
1.3
La taille de Son Excellence étant de la hauteur que j'ai dite, tous nos sculpteurs et tous nos peintres conviendront sans peine que sa ceinture peut avoir cinquante mille pieds de roi de tour: ce qui fait une très jolie proportion.
1.3
Siendo la estatura de Su Excelencia la que llevamos dicha, convendrán todos nuestros pintores y escultores que su cintura podría medir unos cincuenta mil pies de circunferencia, lo que revela una bella figura.
1.4
Quant à son esprit, c'est un des plus cultivés que nous avons; il sait beaucoup de choses; il en a inventé quelques-unes; il n'avait pas encore deux cent cinquante ans, et il étudiait, selon la coutume, au collège des jésuites de sa planète, lorsqu'il devina, par la force de son esprit, plus de cinquante propositions d'Euclide. C'est dix-huit de plus que Blaise Pascal, lequel, après en avoir deviné trente-deux en se jouant, à ce que dit sa soeur, devint depuis un géomètre assez médiocre, et un fort mauvais métaphysicien. Vers les quatre cent cinquante ans, au sortir de l'enfance, il disséqua beaucoup de ces petits insectes qui n'ont pas cent pieds de diamètre, et qui se dérobent aux microscopes ordinaires; il en composa un livre fort curieux, mais qui lui fit quelques affaires. Le muphti de son pays, grand vétillard, et fort ignorant, trouva dans son livre des propositions suspectes, malsonnantes, téméraires, hérétiques, sentant l'hérésie, et le poursuivit vivement: il s'agissait de savoir si la forme substantielle des puces de Sirius était de même nature que celle des colimaçons. Micromégas se défendit avec esprit; il mit les femmes de son côté; le procès dura deux cent vingt ans. Enfin le muphti fit condamner le livre par des jurisconsultes qui ne l'avaient pas lu, et l'auteur eut ordre de ne paraître à la cour de huit cents années.
1.4.

Su entendimiento era de los más perspicaces; sabía muchas cosas y otras las inventaba; apenas frisaba en los trescientos cincuenta años y siendo estudiante de un colegio de jesuitas de su planeta, descubrió a fuerza de inteligencia más de cincuenta proposiciones de Euclides, dieciocho más que Blas Pascal el cual, luego de adivinar como quien juega (según dijo su hermana), treinta y dos, llegó a ser, andando los años, un geómetra muy mediocre y un pésimo metafísico. A la edad de cuatrocientos años, o sea al salir de la infancia, disecó unos insectos diminutos de apenas cien pies de grosor. Publicó un libro muy interesante acerca de esos insectos, lo que le proporcionó bastantes disgustos. El muftí de su país, tan receloso como ignorante, advirtió en su libro proposiciones sospechosas, blasfemas, temerarias, heréticas, o que «olían» a herejía, y le persiguió de muerte. Hubo que discutir si la sustancia formal de las pulgas de Sirio era de la misma naturaleza que la de los caracoles. Defendióse con mucho ingenio Micromegas; se declararon las mujeres en su favor, y después de doscientos veinte años que duró el pleito, hizo el muftí condenar el libro por jueces que no le habían leído, ni sabían leer. En cuanto al autor, fue desterrado de la Corte ochocientos años.

1.5
Il ne fut que médiocrement affligé d'être banni d'une cour qui n'était remplie que de tracasseries et de petitesses. Il fit une chanson fort plaisante contre le muphti, dont celui-ci ne s'embarrassa guère; et il se mit à voyager de planète en planète, pour achever de se former l'esprit et le coeur, comme l'on dit. Ceux qui ne voyagent qu'en chaise de poste ou en berline seront sans doute étonnés des équipages de là-haut: car nous autres, sur notre petit tas de boue, nous ne concevons rien au-delà de nos usages. Notre voyageur connaissait merveilleusement les lois de la gravitation et toutes les forces attractives et répulsives. Il s'en servait si à propos que, tantôt à l'aide d'un rayon du soleil, tantôt par la commodité d'une comète, il allait de globe en globe, lui et les siens, comme un oiseau voltige de branche en branche. Il parcourut la voie lactée en peu de temps, et je suis obligé d'avouer qu'il ne vit jamais à travers les étoiles dont elle est semée ce beau ciel empyrée que l'illustre vicaire Derham se vante d'avoir vu au bout de sa lunette. Ce n'est pas que je prétende que Monsieur Derham ait mal vu, à Dieu ne plaise! mais Micromégas était sur les lieux, c'est un bon observateur et je ne veux contredire personne. Micromégas, après avoir bien tourné, arriva dans le globe de Saturne. Quelque accoutumé qu'il fût à voir des choses nouvelles, il ne put d'abord, en voyant la petitesse du globe et de ses habitants, se défendre de ce sourire de supériorité qui échappe quelquefois aux plus sages. Car enfin Saturne n'est guère que neuf cents fois plus gros que la terre, et les citoyens de ce pays-là sont des nains qui n'ont que mille toises de haut ou environ. Il s'en moqua un peu d'abord avec ses gens, à peu près comme un musicien italien se met à rire de la musique de Lulli quand il vient en France. Mais comme le Sirien avait un bon esprit, il comprit bien vite qu'un être pensant peut fort bien n'être pas ridicule pour n'avoir que six mille pieds de haut. Il se familiarisa avec les Saturniens, après les avoir étonnés. Il lia une étroite amitié avec le secrétaire de l'Académie de Saturne, homme de beaucoup d'esprit, qui n'avait à la vérité rien inventé, mais qui rendait un fort bon compte des inventions des autres, et qui faisait passablement de petits vers et de grands calculs. Je rapporterai ici, pour la satisfaction des lecteurs, une conversation singulière que Micromégas eut un jour avec M. le secrétaire.
1.5

No le afligió mucho abandonar una Corte llena de enredos y chismes. Escribió unas décimas muy graciosas contra el muftí, que a éste le tuvieron sin cuidado, y se dedicó a viajar de planeta en planeta para, como dicen, perfeccionar el juicio y el corazón. Quienes viajamos en diligencias o sillas de posta nos pasmarían los vehículos que allá arriba usan. Nosotros, en la bola de cieno en que vivimos no comprendemos otros procedimientos. Micromegas, conocedor de las leyes de la gravitación y de las fuerzas atractivas y repulsivas, se valía de ellas con tanto acierto que, ora montado en un rayo de sol, ora cabalgando en un cometa, o saltando de globo en globo, lo mismo que revolotea un pajarillo de rama en rama, él y sus sirvientes hacían su camino.

En poco tiempo recorrió la vía láctea. Debo confesar, y lo siento, que nunca logró ver, entre las estrellas que la pueblan, el empírico cielo que vio el ilustre Derhan con su catalejo. No niego que Derhan lo viese, ¡Dios me libre de tamaño error!, pero también Micromegas estaba allí y no tenía mala vista. En fin, yo no quiero contradecir a nadie.

Después de largo viaje, Micromegas llegó un día a Saturno, y aun cuando estaba acostumbrado a contemplar cosas nuevas, le sorprendió la pequeñez de aquel planeta y de sus moradores. No pudo menos de sonreír con ese aire de superioridad que los más discretos no pueden contener a veces. Verdad es que Saturno no es más que novecientas veces mayor que la Tierra, y sus habitantes pobres enanos de unas dos mil varas de estatura, más o menos. Rióse al principio de ellos con sus criados, como se ríe cuando viene a Francia cualquier músico italiano, de la música de Lulli. Pero el siriano era razonable y pronto se dio cuenta de que ningún ser que piensa es ridículo, aunque su estatura no pase de seis mil pies. Acostumbróse a los saturninos, después de haber causado su asombro, y se hizo íntimo amigo del secretario de la Academia de Saturno, hombre de mucho talento. No había inventado nada, pero explicaba muy bien los inventos de los demás, y sabía componer coplas chicas y hacer cálculos grandes. He aquí expuesta, para satisfacción de mis lectores, una extraña conversación que con el señor secretario, tuvo cierto día Micromegas.





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